Comportementaliste, technicienne des relations homme- animal, médiatrice entre l'animal et la famille, spécialisée -chiens et chats. Comportements indésirables; conseils pour bien choisir son animal familier, devenir un bon maître, le comprendre ou rétablir une relation harmonieuse avec chien ou chat agressif, malpropre, destructeur, angoissé. Conseils

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Articles chatons et chiots

 

 

 

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Ce qui est nécessaire pour
le développement harmonieux d'un chaton

Texte paru dans la revue de l'Association des Amis des Chats Abyssins et Somalis :octobre 2003 et
dans le site Lamainalapatte juillet 2005

L'éleveur professionnel ou occasionnel doit être conscient que son rôle est primordial pour le développement du chaton et son devenir.

Presque tout se joue dans la petite enfance.
Le choix des reproducteurs a son importance puisqu'il est déterminant pour le futur caractère du petit félin. Le mâle et la femelle retransmettent des prédispositions caractérielles au chaton. La chatte aura une double influence car elle modèle le caractère du petit par son mode d'éducation et sa manière d'être avec lui : une mère chatte anxieuse, agressive ou agitée va servir d'exemple à son jeune qui calquera son attitude sur celle de sa mère. Une mère calme, équilibrée est une bonne éducatrice, tolérante et sécurisante pour ses petits. Une gestante se sent bien lorsqu'elle vit dans le calme de son lieu de vie habituel et près de maîtres sereins non angoissés, attentifs mais pas trop protecteurs. Une chatte soumise à des stress répétés (sollicitations trop nombreuses, va-et-vient incessant autour d'elle, etc.) devient anxieuse.
 

Ses émotions positives et négatives ont une répercussion sur les fœtus qui s'imprègnent des ressentis maternels. C'est pour cette raison que caresser très doucement le ventre d'une chatte gravide, dès le deuxième mois, aura des retentissements sur le comportement des chatons qui, par la suite, accepteront volontiers les contacts et seront moins émotifs.

Le surpeuplement de chats a des effets nocifs ; une chatte vivant dans ces conditions devient de plus en plus anxieuse du fait de l'agressivité de ses congénères et il n'est pas rare de voir des chatons mis à mort à la mise bas.

 

 

 

 

 

 

 

La période prénatale (in utero) a une grande importance puisque les bases de l'émotivité et du profil psychologique (caractère et personnalité) se mettent déjà en place.
Les chatons naissent sourds et aveugles et pendant quinze jours vivent une période végétative dans un univers de toucher et d'odeurs dont celle de la mamelle maternelle.
Comme tout mammifère le jeune a besoin de sa mère. Par léchage de la gueule et du périnée de son chaton elle déclenche les fonctions respiratoires et excrétoires. C'est ainsi que la chatte s'attache à lui.
Le contact de la fourrure maternelle douce le sécurise et le réchauffe, les soins prodigués par sa mère le réconfortent et sa mamelle le nourrit. La survie du chaton dépend alors entièrement de sa mère.
Petit à petit le chaton s'éveille et s'éloigne un peu de la chatte dans l'environnement proche.

 

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1 jour
3 jours
14 jours
Photos ©Chatterie de la Vieille Grange (voir liens ou races de chats-bas de page)

 

 

La mère stimule et provoque les excrétions des petits. Elle tient " le nid " propre en ingérant leurs excréments.

 

Vers le 18ème jour elle les entraîne à l'extérieur pour qu'ils éliminent seuls, sans son aide, hors de la " couche ". C'est ainsi qu'elle leur apprend la propreté. Le chaton voit et entend, il commence à tenir sur quatre pattes motrices, il s'éloigne de plus en plus et explore son environnement ; il n'a peur de rien. C'est le moment où il s'attache à sa mère : l'attachement est alors réciproque et toute séparation entraîne des cris de détresse de part et d'autre. Cette phase nommée " empreinte " par l'éthologiste Konrad LORENZ est une " période critique " dite aussi " sensible " point clé du développement des individus. Sa durée varie selon les espèces ; chez le chaton elle s'étale de la 2/3ème à la 7ème semaine environ. Ce lien affectif permet au petit de s'identifier à sa mère puis à l'espèce. Dès lors il sait qu'il est un chat. Cette imprégnation est des plus bénéfique puisqu'elle va lui permettre de lier d'autres liens avec ses congénères et plus tard de rechercher un partenaire sexuel de son espèce. C'est pourquoi, un chaton élevé par une chienne ou par les humains, isolé des siens, aura une peur panique de ses congénères et cherchera un partenaire dans l'espèce nourricière.

 

Empreinte et lien permettent un développement harmonieux du petit félin tant sur un plan neurophysiologique, que morphologique, moteur et aussi psychoaffectif. C'est aussi la période propice aux apprentissages et en particulier les apprentissages sociaux qui seront acquis de façon quasi irréversible et définitive. Le chaton domestique subit une double empreinte : une à son espèce et l'autre à l'espèce humaine. Les manipulations précoces du bébé chat effectuées par l'éleveur faciliteront son adaptation dans la vie des hommes.
 

 

 

 

 

 

Le chaton devenu autonome est très actif. Ses diverses expériences vont favoriser le développement de son cerveau et mettre en place des connections neuronales. Il est prêt pour tout apprentissage, appréhendant son monde environnemental sans peur. Voilà le moment rêvé de le préparer à sa vie d'adulte en développant ses capacités motrices et sensorielles.
L'éleveur peut alors lui proposer toutes sortes de stimulations, objets divers de couleurs et de formes variées mais sans danger pour lui, jouets, cartons où se cacher, à escalader, pour grimper … Il est conseillé de lui faire entendre tous les bruits de la maison comme la radio, la télévision, les appareils ménagers, etc…lui faire connaître la voiture progressivement et différents sols : herbe, terre, graviers etc.
Ces stimuli riches et diversifiés l'éveillent et l'aideront à s'adapter au " monde des hommes ".

 

D'une importance capitale la socialisation comprend deux volets :

1. la socialisation intraspécifique :
Dans les jeux, d'abord solitaires puis avec ses frères et sœurs, dans les affrontements le petit expérimente ses futurs comportements d'adulte : l'apprentissage des techniques de chasse, de la fuite, des combats mais aussi la vie de groupe. Il apprend aussi avec sa mère et les autres adultes, les codes de communication des siens, essentiels aux échanges sociaux. Vers la 5ème semaine cette dernière lui apprend à contrôler ses comportements c'est à dire d'arrêter avant une grande excitation, tout jeu qui dégénère. C'est l'apprentissage du comportement " d'arrêt ". Pour sa stabilité émotionnelle cet autocontrôle est indispensable. Grâce à l'intervention de la mère, aux cris des frères et sœurs il apprend le contrôle de la pression de sa mâchoire ou " inhibition sociale de la morsure " et aussi " la rétraction sociale de ses griffes ".

 

2. la socialisation interspécifique :
Dans cette période propice, le chaton ne craignant rien il est judicieux de lui présenter d'autres espèces. Un chaton qui a rencontré et eu des contacts précoces avec des humains (femmes, hommes, enfants, bébés, adolescents…), des chiens, des hamsters etc. ne paniquera pas à leur vue ou ne les prendra pas pour des proies lorsqu'il sera adulte.


Vers la 4/5ème semaine commence la période de peur dite aussi d'aversion, durant laquelle il craint tout ce qui est nouveau. Dans cette période il va de soi qu'il faut éviter tout traumatisme (vente, séparation, vaccins…) car la peur pourrait alors se fixer.

L'on voit ici la nécessité impérative de laisser le chaton à sa mère et dans la fratrie jusqu'à la 5ème semaine au moins et si possible jusqu'à son départ chez son nouveau maître.

Véga -Orion


Tout chaton n'ayant vécu ni l'empreinte à sa mère, ni la socialisation, ni les jeux dans la fratrie, ni stimulations serait inapte à la vie familiale. C'est le cas des chatons isolés et sans contacts humains si ce n'est la main qui tend la pâtée. Ces chatons sont condamnés à vivre dans une grande angoisse, sujets à des peurs paniques dans toute situation nouvelle, fuyant ou agressant tout autre chat ou humain qui l'approche. Nommées " syndrome de privation " ces carences graves pour son développement psychique et physiologique sont pratiquement impossibles à combler et sont insurmontables pour un propriétaire non averti.

 

Un autre passage difficile pour le chaton est le sevrage. Le sevrage devra s'effectuer de manière très progressive entre la 4ème et la 7ème semaine. C'est la mère chatte qui donne le signal en repoussant ses petits qui commencent à blesser ses mamelles avec leurs dents. Les petits sevrés brutalement développent des comportements excessifs de prédation. Sevrés trop précocement et séparés de la mère, les chatons adoptent des comportements de peur et d'agressivité. Nourris insuffisamment les chatons deviennent boulimiques, voleurs.

 

Un chaton de mère équilibrée, âgé de 2 mois ½ à 3 mois, bien imprégné à sa mère, manipulé par l'homme, élevé en milieu enrichi et socialisé est un chaton " bien dans sa peau de chat" prêt à partir chez son nouveau maître avec les conseils avisés de l'éleveur.

Son développement ne s'arrête pas là, il reste au nouveau propriétaire du chaton à l'aimer raisonnablement, sans l'humaniser, à l'éduquer afin de vivre avec lui une relation harmonieuse.

 

Texte de F .GAUDRON

 

 

Dommages de la séparation précoce des chiots et chatons
d'avec leur mère et la fratrie.

Paru dans Santé Pratique Animaux n° 1 mars 2003, p.4 à 6 et le site Lamainalapatte juillet 2005


Mammifère lui aussi, le chaton a des besoins identiques à ceux du chiot comme:
- la double empreinte à la mère et à l'homme,
- la socialisation et
- les stimulations diversifiées


A la différence du chiot, la durée des périodes de développement du chaton est plus courte.

 

  Le chaton utilise le miaulement pour obtenir de la nourriture; il ne quémande pas à la commissure des lèvres de sa mère.


Il possède des particularités, comme la plupart des félidés, à savoir le ronronnement et les griffes rétractiles.
La rétraction sociale des griffes s'apprend en même temps que le contrôle de la morsure jusque vers la 5ème semaine environ.

 


 

Il expérimente dans les jeux l'attaque et surtout la fuite; la posture de soumission ne fait pas partie des comportements félins.


Au moment du sevrage
la préséance hiérarchique devant l'aliment solide n'existe pas chez ce petit félin.
Les chatons sevrés avant la 4ème semaine ou trop brutalement acquièrent des comportements alimentaires et de prédation anormaux.

 




Chipie et Grisette

 

 

Je conseille donc de ne pas séparer le chaton de sa mère et de la fratrie
avant ses 2 mois et demi /3 mois,
afin qu'il se développe harmonieusement.

Texte de F. GAUDRON

 

 

 

 

Chiots et chatons bien dans leur peau.

Texte co-écrit par Françoise GAUDRON et Laurence BRUDER comportementalistes
dans les Dernières Nouvelles d'Alsace du 14 Décembre 2003

 

Pour le chiot ou le chaton, il s'avère qu'une séparation trop précoce de la mère et de la portée risque d'avoir des conséquences très fâcheuses. C'est en effet par les contacts avec sa fratrie (la mère, les frères et soeurs, d'autres adultes) que le petit acquiert les attitudes nécessaires à sa survie et les codes de communication de son espèce : le langage canin ou félin. Les interactions qui se déroulent entre eux enseignent à chacun des individus les comportements comme le contrôle de la morsure pour le chiot et la rétraction des griffes pour le chaton. Dans les jeux et les simulacres de lutte, la confrontation avec ses frères et soeurs, le jeune perfectionne ses acquis, développe ses capacités motrices, son intelligence, apprend la vie en société et la hiérarchie.

 

Séparation trop précoce : les risques Dans le cas d'une séparation trop précoce entre la mère et sa portée, on peut provoquer plusieurs problèmes préjudiciables à l'équilibre émotionnel :
- une mauvaise imprégnation à son espèce (l'animal ne se comporte pas comme les autres chiens ou chats),
- une socialisation inexistante (résultat de l'absence de relations avec les espèces amies : chats, chiens, humains de tous âges, etc.)
- un manque d'expériences précoces diversifiées (les bruits de la maison et de la ville, les voyages en voiture, les objets ou les sols variés).
Lorsqu'il arrivera chez son maître, ces manques engendreront probablement des comportements de peur ou d'agressivité de la part du chiot ou du chaton, devant des situations ou des rencontres nouvelles.


Les trois premiers mois de la vie d'un petit animal sont donc primordiaux
pour la construction de son équilibre mental. C'est pourquoi un éleveur sérieux ne sépare pas trop tôt le petit de la mère et des frères et sœurs, et lui fait connaître de nombreuses expériences : afin qu'il se développe harmonieusement et devienne un adulte bien dans sa peau. Il faut savoir que ce qui n'a pas été acquis dans cette période est difficilement rattrapable, et nécessite souvent l'intervention de professionnels compétents.

 

F. GAUDRON et L. BRUDER

 

Recueillir un animal dans un refuge,
une SPA ou à la suite d'un premier maître.

 

Si l'on recueille un animal, il faut être conscient qu'il y a peu de chiots ou chatons mais surtout des animaux adultes, des laissés pour compte. Les raisons de l'abandon ne sont pas toujours connues. L'ancien maître peut donner de fausses raisons. Certains animaux sont catalogués agressifs uniquement parce qu'ils ont grogné. En fait, il peut tout simplement s'agir d'un comportement dû à un manque d'éducation ou à une éducation inappropriée. Un comportementaliste pourra vous conseiller utilement.

Vous n'aurez pas forcément d'éléments concernant son passé. Sa vie antérieure a peut-être été dramatique. L'abandon, quant à lui, a provoqué un traumatisme important . Mais ce qui est sûr c'est que l'animal, vivra toujours avec le stress de cette séparation.

 

Il a perdu toutes ses marques, ses repères, ses habitudes, mais malgré cela vous pourrez progressivement renouer avec lui une relation de confiance réciproque et de complicité. Soyez alors patient et doux, laissez le découvrir par lui-même son nouvel environnement, vous même et les autres membres de la famille. Ne l'accablez pas de caresses, mais donnez lui immédiatement des repères, comprenez le et tout ira pour le mieux.

 

F. GAUDRON

 

 

 

Recueillir un animal abandonné c'est lui donner une autre chance


Article co-écrit par Françoise GAUDRON et Danièle MIRAT comportementalistes dans Santé Pratique Animaux n°6 septembre 2003 p.7/8 (voir liens et Lire-presse)



Adopter un animal abandonné est une belle action qui peut devenir un cauchemar si l'on ne s'informe pas des maladresses à ne pas commettre. Car le recueillir pour le rejeter 15 jours plus tard, serait un traumatisme supplémentaire pour le chien, le chat et vous-même.
Tenir compte de son environnement, ses disponibilités, ses attentes, sont des éléments à prendre en compte lors de la visite au refuge. Car faire le bon choix de l'espèce (chien ou chat) de la race et de la taille de l'animal que l'on va recueillir sera la garantie d'une relation durable.

 

Faire le bon choix
Un grand chien aux poils longs est attirant ; mais il demande de la place dans la maison et la voiture, un peu de terrain pour s'ébattre, du temps pour de longues promenades, un toilettage régulier, ainsi qu'un budget nourriture important.
Un petit chien de compagnie, si vous le sortez au moins trois fois par jour, s'adaptera plus facilement dans un appartement qu'un huskies, un bouvier bernois ou un chien de chasse. Certaines races aux caractéristiques particulières sélectionnées et développées à l'origine par les éleveurs (comme les chiens de bergers spécialisés dans la garde, la défense ou la conduite des troupeaux) ont besoin d'un maître très attentif, capable de les éduquer avec "une main de fer dans un gant de velours" et de leur donner une activité suffisante qui compense leur manque de travail.
Si l'on vit chez ses parents ou avec un conjoint, on doit être sûr que l'animal sera le bienvenu. Si on a des enfants, on essaiera de savoir si l'animal a déjà été familiarisé aux petits et quel était son comportement vis-à-vis d'eux ?
Le futur "recueillant" doit aussi savoir que certaines races de chiens ou chats présentent des formes de tempérament qu'il pourrait mal vivre. Avec un chat "siamois" par exemple s'accommodera- t-on de son attachement exclusif ?
Il est rare que les refuges ou associations connaissent avec précisions le passé des animaux qu'ils abritent. Certains maîtres n'ont pas réussi à comprendre les motifs des comportements indésirables de leur chien, comme la destruction, l'agressivité, les aboiements, la malpropreté… Alors ils le rejettent. D'autres, voyant que la petite boule de poils qui les a fait craquer a beaucoup grandi, qu'il faut la sortir, la nourrir, bref en prendre soin quotidiennement, préfèrent s'en débarrasser. Les chats, eux, sont pour la plupart abandonnés près de la maison par des maîtres qui déménagent ou partent en congés. Ils pensent à tort que le chat sera plus heureux près de son ancien lieu de vie et qu'il trouvera lui-même sa nourriture.
Pourquoi et comment a été abandonné le chien ou le chat que vous avez choisi de recueillir ? Vous ne le saurez sans doute jamais, mais il est sûr qu'il a souffert, et va avoir besoin de temps pour récupérer son équilibre, sa confiance en l'Homme. Il a d'abord connu le désarroi de perdre ses repères de vie avec ses anciens maîtres, parfois l'errance avant d'être ramassé, souvent la maltraitance et assurément la souffrance d'un séjour au refuge dans des conditions de vie difficiles.

Certains chiens sont catalogués "agressifs" ou "mordeurs " juste parce qu'ils ont grogné ou montré les crocs, et des chats parce qu'ils ont "craché" ou griffé. Bien souvent, il s'agit de réactions naturelles faisant partie des codes de communication de l'espèce.

 

Certaines formes d'agressivité ont aussi pu être "installées" chez l'animal dans un environnement relationnel affectif toxique à cause d'une mauvaise, voire d'une absence d'éducation ou encore à cause du stress de l'enfermement derrière les barreaux…
En récupérant celui dont les yeux malheureux vous ont attendri, préparez l'avenir avec ces quelques conseils

 

Les bons gestes
Pas d'attendrissement exagéré et posez tout de suite les bonnes règles de vie en maîtres responsables, compréhensifs et respectueux, mais pas trop permissifs sous prétexte que cet animal a déjà trop souffert.
En voiture, il est prudent de le mettre à l'abri dans une boîte de transport, il pourra se familiariser tranquillement avec votre voix, vos odeurs. Pas d'effusions bruyantes des enfants. L'animal a plutôt besoin de calme pour modérer son stress. S'il est malade durant le voyage, abstenez-vous le rassurer, vous ne feriez que le conforter dans le sentiment qu'il a raison d'avoir peur. Si c'est un chien, prenez le temps d'aller le promener dans un endroit calme, sans le lâcher bien sûr. Il est trop tôt pour cela. Appelez-le par son nom d'une voix douce et félicitez-le s'il fait ses besoins. Il prend déjà un peu confiance en vous.

Dès l'arrivée chez vous, laissez-le découvrir à son rythme votre espace de vie, les endroits permis ou non. Si c'est un chien, attribuez-lui tout de suite une place avec son panier, des jouets, une gamelle d'eau.
Choisissez un coin tranquille où il pourra se réfugier, se reposer sans crainte et ne sera pas dérangé (surtout par les enfants à qui vous devez apprendre le respect du nouveau venu). Pas dans un lieu de passage (entrée, couloir, bas d'escalier) qui permet de contrôler les déplacements de tous et ne met pas l'animal en place de subordonné; ni dans les chambres qui doivent rester réservées aux humains.

Dès son premier repas (toujours après le vôtre), veillez à ce qu'il mange tranquille et seul en lui donnant le temps de s'adapter à sa nouvelle nourriture (sans doute différente de celle à laquelle il était habitué). Une fois sa gamelle donnée, ne commettez jamais la maladresse de la lui reprendre sous prétexte de lui montrer qui domine qui. Le chien l'a attendue, une fois donnée elle est à lui. Il pourrait vous craindre et déclencher une agressivité qui ne serait motivée que par la peur d'une personne imprévisible. Ne forcez pas les contacts s'il est craintif, ne brusquez rien. Il a besoin de temps pour reprendre confiance. Laissez-le petit à petit venir à vous. Il a pu être brutalisé par des humains de sexe masculin ou être malmené par des enfants et continue de les craindre. Temps, patience, compréhension l'aideront à s'apaiser. S'il est malpropre les premiers jours, ne soyez pas fâché, cela révèle sa détresse, il lui faut du temps pour s'adapter. S'il s'est soulagé la nuit ou la journée en votre absence, nettoyez hors de sa présence, ne le grondez pas. Un chien ne peut pas associer votre colère présente à son action passée. Si c'est un mâle, et qu'il lève la patte sur un meuble devant vous, lancez de suite un NON ! sonore d'une voix fâchée. On ne peut faire savoir son désaccord que lorsqu'on prend l'animal sur le fait, jamais après.

Pour le chat montrez-lui où est sa caisse-litière, ainsi que son bol d'eau et son écuelle placés à bonne distance. Indiquez-lui clairement aussi qu'il ne doit pas grimper sur le plan de travail, la table de la cuisine ou de la salle à manger. Interdisez-lui la chambre de bébé. Votre chat comprendra vite "les bonnes manières"…
Suite à leur abandon, les chiens craignent les absences de leur nouveau maître. Il faut donc les préparer doucement à des séparations momentanées. Quand vous êtes à la maison, commencez par l'habituer à ne pas vous coller et à rester un peu dans une autre pièce. Apprenez-lui ensuite que vos départs sont toujours suivis de retours : pour cela quittez la maison sans le regarder ni lui parler, restez dehors quelques minutes et revenez avec toujours une attitude neutre, sans répondre à ses effusions de joie. Puis augmentez graduellement le temps de vos absences. En résumé, pour retrouver l'équilibre, ces animaux ont besoin de maîtres indulgents, calmes, patients, affectueux mais sans excès, et sachant proposer des règles de vie dans le respect de l'animal.
Il s'avère sage parfois, de prendre les conseils d'un comportementaliste, qui en 1 ou 2 entretiens, informe les nouveaux maîtres des attitudes justes face à un animal momentanément perturbé par l'abandon.

 

F. GAUDRON et D. MIRAT

 


 

Un animal au pied du sapin, bonne ou mauvaise idée ?

 

Article co-écrit par Françoise GAUDRON et Danièle MIRAT comportementalistes dans Santé Pratique Animaux n°9
décembre 2003 p.6/7/8
(voir liens et Lire-presse)

 

Que vous pensiez offrir un chiot, un chaton, un adulte de l'une ou l'autre de ces 2 espèces ou bien un autre petit animal, ce geste d'amour doit être organisé pour le bien- être de celui qui va le recevoir enfant ou adulte, autant que pour celui de son petit compagnon.

 

LES GREMLINS

 


….Noël 1984 en Amérique, le père de Billy lui offre en cadeau un adorable et gentil Mogwaï nommé Gizmo.
Le jeune garçon doit respecter trois règles de vie pour que l'étonnant animal reste en vie et n'engendre aucun problème. Bien sûr la négligence de Billy qui ne respecte pas les consignes, produit les conséquences que nous avons vues dans " les Gremlins " ! [1]

Ce film, conte fantastico-comique pour enfants illustre bien les suites que peuvent produire un tel cadeau…


Respecter l’animal
Si comme dans le film vous prévoyez un chiot ou un chaton en cadeau pour un enfant, cette arrivée dans la famille doit être bien organisée.
La " petite boule de poils " que vous déciderez d'offrir à votre bambin qui l'a tant attendue n'est pas une peluche, et c'est tout de suite que vous devrez initier chez l'enfant le respect du petit animal.
En débarquant dans un monde qui lui est étranger, le chiot ou le chaton aura peut-être peur et besoin de se familiariser calmement avec sa nouvelle vie ; vous devrez donc pour son bon équilibre, le laisser arriver en évitant trop d'effusions bruyantes. C'est mieux si les grands-parents, les voisins et les petits amis ne sont pas là le premier jour ! Tout le monde aura la possibilité de le voir et le câliner plus tard et des années durant !
Et bien sûr, il vous incombera entièrement de vous occuper du petit animal, parce que cette responsabilité ne peut pas être confiée à un enfant, même si selon son âge il peut aider parfois à quelques tâches. Quant aux jeux que vous déciderez de faire partager aux enfants avec le chiot ou le chaton, ils devront se dérouler en votre présence et sous votre contrôle, toujours en vue de développer chez chacun le respect de l'autre. (Notre prochain article portera d'ailleurs sur ce sujet)
Votre mamie ou votre papy est resté seul depuis la mort de son conjoint, et vous pensez qu'un petit compagnon pourrait l'aider dans sa solitude.
Mais êtes-vous sûr que votre mamie souhaite prendre encore en charge un animal, même si elle en a déjà eu un ?
Quelle personne seule, âgée ou non, malade, dépressive ou convalescente n'a pas vu son entourage familial ou amical se poser la question de savoir si un petit animal ne serait pas un secours dans l'épreuve qu'elle traverse ? Même chose pour celui ou celle qui vient de perdre son animal chéri (voir notre article du n°8)

La personne dépressive ou sortant de dépression ou de maladie grave et qui vous semble ne plus bien avoir goût à la vie, n'a peut-être pas encore la force d'envisager de s'occuper d'un animal et d'en assumer les contraintes inévitables.

Il faudra le nourrir, assurer son hygiène, sa santé, si c'est un chiot l'éduquer, le sortir… ce sont des frais, des obligations, des soucis qu'elle n'a peut être plus (ou pas encore) envie de supporter.

 

Un cadeau préjudiciable
 

Offrir un animal, c'est " donner la vie " à peu de frais car la loi fait peu de cas du droit des animaux.
Pourtant voici bien un acte qui mérite réflexion car trop souvent confondu avec " une bonne action ".
" Oh comme il est mignon et attendrissant ! Il paraît si triste derrière la vitrine de l'animalerie ! "
Il est très courant d'offrir aux autres ce que l'on aimerait soi-même se voir offrir.
Mais parce que c'est l'équilibre psychique et physique de l'animal (l'un n'allant pas sans l'autre) qui en dépend, le chien ou le chat offert doit être désiré par la personne qui va l'accueillir.

Le cadeau vivant correspondant certainement à un besoin de marquer durablement le destinataire, vous croyez faire une bonne surprise qui peut ne pas être appréciée comme vous le pensez.

 

L'arrivée inattendue de ce petit être vivant va désorganiser la vie de celui ou ceux qui le reçoivent. Leurs projets étaient peut-être de partir à la montagne, de passer les fêtes en famille, etc.
Même si cette personne avait projeté elle-même de faire cette acquisition, ce n'est peut-être pas pour elle le moment idéal de l'accueillir ? Et qu'en pense l'entourage ? Le conjoint, la compagne, les parents sont-ils eux aussi attirés par les animaux ?
Quand il est prêt psychologiquement et matériellement à le faire entrer dans sa vie, le futur maître aime choisir lui-même son compagnon à 4 pattes.

Daïs (photo © C. BREUILLARD)
 

Dans sa réflexion cette personne envisageait-elle de choisir une espèce (chien, chat, rongeur), une race très précise qui l'attire et un individu mâle ou femelle au caractère qui corresponde à ses attentes ? Alors en offrant le corniaud très affectueux que vous êtes allé chercher au refuge, ne risquez-vous pas de la décevoir énormément. Vous pensiez faire plaisir par exemple avec un chat placide et pot de colle alors que votre ami(e) ne rêve que d'un chat actif et indépendant !

Imposer un animal à quelqu'un peut avoir des répercussions graves sur l'un comme sur l'autre.
Les chiots et les chatons surtout, ressentent la déception de leur maître, leur manque d'enthousiasme envers eux. Ces ressentis perturbent la relation qui s'établit et va jusqu'à freiner le développement.

 

Une attention constante
Pour se construire et faire les premiers apprentissages de la vie près des humains, il faut d'abord à ces chiots et chatons la tranquillité émotionnelle. Ils peuvent ainsi reporter sur leurs nouveaux propriétaires l'attachement qu'ils avaient pour leur mère et leur fratrie, desquels ils viennent d'être arrachés brutalement. Ayant perdu tous leurs anciens repères de vie, c'est de toute l'attention bienveillante de personnes disponibles dont ils ont surtout besoin.
Il n'y a que l'ardent désir d'avoir un petit compagnon, de l'avoir choisi et attendu qui nous fasse l'accueillir avec la spontanéité, la tendresse, la douceur et la clémence qui éveilleront son attachement.
A partir de là seulement, le chiot ou le chaton pourra développer la confiance qui le fera aimer et vouloir suivre ses nouveaux maîtres.
Sans attachement pas de confiance, et sans confiance comment faire aisément la découverte du monde inconnu dans lequel il vient d'être propulsé ?
Pour un chien, c'est tout le long de ses 6 premiers mois qu'il a besoin de toute la disponibilité, l'attention, la patience, l'indulgence mais aussi la fermeté de ses maîtres, pour le familiariser à la diversité de son environnement ainsi qu'à toute situation qu'il sera amené à rencontrer plus tard. Les mille apprentissages que chiots ou chatons ont à faire avec leurs nouveaux maîtres ne peuvent pas être fait dans l'improvisation et la hâte.
Prenons l'exemple d'un chiot qui sentirait son maître tendu, impatient et vite fâché. Incapable de s'adapter assez vite, le chiot deviendrait rapidement décevant et son maître de moins en moins indulgent. Les voilà tous deux engagés dans la spirale infernale de l'animal non désiré qui ne parvient pas à s'ajuster et venant rapidement faire penser à son maître " qu'il n'est décidément pas un cadeau ! "
Cette grande disponibilité est justement la qualité d'une personne ou d'une famille qui ne s'est pas vue obligée d'accueillir un petit être vivant qu'elle ne peut alors ressentir que comme une charge. C'est pourquoi offrir un animal ne peut se faire sans mûre réflexion.


Faire preuve de sagesse
Si votre entourage a la sagesse de vous prévenir de son idée/cadeau d'un animal pour Noël, ayez le bon sens et la force de refuser en lui en exposant gentiment les raisons. En refusant, vous montrerez votre amour des animaux et le respect que vous leur portez.
Si vraiment c'est le cadeau que l'on veut vous faire à tout prix, alors prévoyez longtemps à l'avance le choix de l'animal, informez-vous du bon élevage et des bonnes conditions de socialisation des petits.

Et pourquoi ne pas proposer à celui ou celle qui veut vous être agréable, de choisir avec vous l'animal dont vous rêvez et d'aller le chercher ensemble le moment venu ?
Un être vivant quel que soit son espèce, n'est ni un jouet ni un gadget que l'on jette lorsqu'il ne plaît plus ou dérange. Entièrement dépendant sa vie durant, il mérite le respect dans son individualité et ses particularités d'être sensible qui éprouve et exprime des émotions.



F. GAUDRON et D. MIRAT

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[1] « Les Gremlins »
Film américain de Joë DANTE, 1984
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Article dans:

MOLOSSES News Hors série n° 2 de mars 2003, p.76 à 80

 

Comportementalistes : ils ont des solutions

LE CHIEN-CADEAU : UNE QUESTION DE BON CHOIX

Offrir un chien à son conjoint, en cadeau d'anniversaire, de Noël, ou pour toute autre raison, est certes un beau geste d'attention et d'amour, mais demande une grande prudence. En effet, il ne suffit pas de craquer sur une race vaguement évoquée au cours d'une conversation, de céder à un caprice ponctuel comme un chiot dans une vitrine, de faire une bonne action en allant dans un refuge, ou de vouloir à tout prix remplacer un animal récemment disparu en pensant atténuer la douleur de son absence. L'attente de ce nouveau compagnon doit être mûrement réfléchie, et à deux pourquoi pas? Le chien est un être vivant, avec tout ce qu'il implique comme obligations, responsabilités et plaisirs. Il est nécessaire - de lui consacrer beaucoup de temps et un peu d'argent, d'anticiper sur les vacances et déplacements éventuels (avec ou sans le chien); - de se demander si ce chien-là correspond parfaitement au vœu du conjoint et est en accord avec son mode de vie (compagnie, sport, garde...); - d'en discuter, si possible, avec la personne concernée; - de s'informer avant la venue de l'animal: prendre connaissance du monde canin de façon à le comprendre et à s'en faire comprendre, à savoir quoi faire et comment I Chiot ou adulte, le chien qui arrive doit s'intégrer dans sa nouvelle famille et cette nouvelle vie. Pour que tout se déroule au mieux, dès le début, n'hésitez pas à demander conseil à des spécialistes de la relation homme/animal; les comportementalistes sont là pour vous aider. Le bonheur apporté par ce chien à votre conjoint et la joie qu'il va lui procurer vous conforteront alors dans l'idée d'avoir vraiment fait le bon choix.


Christelle NOIRJEAN et Isabelle MALAVAL